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Paris (AFP)- Un vaccin contre la variole dont il a été démontré qu’il protège contre la variole du singe a fait l’objet d’une forte demande dans le monde, ce qui a incité les autorités sanitaires à mettre en garde contre la répétition de la distribution déséquilibrée observée pendant la pandémie de covid.
Alors que le monkeypox était endémique depuis longtemps dans certaines parties de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, il y a eu des épidémies dans le monde depuis mai.
Il a déclenché une bagarre sur les doses du seul vaccin contre la variole du singe sous licence au monde, qui est produit par le fabricant de médicaments danois Bavarian Nordic.
C’est l’état actuel de l’efficacité et de la disponibilité du vaccin.
– 85% de protection “approximative” –
Appelé MVA-BN et commercialisé sous le nom de Jynneos aux États-Unis et Imvanex en Europe, le vaccin a été initialement développé pour lutter contre la variole.
Les deux virus font partie de la famille des orthopoxvirus.
Olivier Schwartz, chef de l’unité virus et immunité à l’Institut Pasteur de France, a déclaré que les protéines des virus du monkeypox et de la variole étaient similaires à 90-95%.
“Donc, utiliser un vaccin très similaire pour le bloquer est une stratégie éprouvée”, a-t-il déclaré.
Bien qu’il n’y ait pas encore de données à grande échelle sur la protection du vaccin contre le monkeypox de Bavarian Nordic, des recherches antérieures ont suggéré qu’il est très efficace.
“Le chiffre de protection vaccinale de 85% remonte à des études de terrain dans les années 1980 et 1990 en République démocratique du Congo et est assez proche”, a déclaré Schwartz.
Il a ajouté que des études sur des travailleurs de la santé en 2018 et des expériences sur des macaques ont indiqué que le vaccin peut être efficace même après qu’un patient a contracté la variole du singe.
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Et les personnes qui ont reçu une dose de vaccin antivariolique avant 1980 ont également une certaine immunité contre le monkeypox, bien que son étendue et sa durée restent incertaines.
Schwartz a déclaré que des études menées au cours des années 2000 ont révélé qu’environ 30% des personnes vaccinées deux décennies plus tôt avaient encore des anticorps antivariolique.
Il a ajouté qu’une dose de rappel “réactiverait l’immunité cellulaire, même après 20 à 40 ans”.
Mais Yannick Simonin, virologue à l’Université de Montpellier, a prévenu que l’immunité “décroît avec le temps et la persistance des anticorps neutralisants contre le monkeypox n’a jamais été évaluée”.
350 000 doses à un pays “non divulgué”
Bavarian Nordic s’est associé aux autorités sanitaires américaines en 2003 et a déjà livré 30 millions de doses au pays.
Depuis que le monkeypox a commencé à se propager hors d’Afrique en mai, la société a annoncé qu’elle livrerait sept millions de doses supplémentaires aux États-Unis.
Il existe au total environ 16 millions de doses de vaccin dans le monde, principalement en vrac, ce qui signifie qu’il faudra des mois avant qu’elles ne soient prêtes à être utilisées, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Il a été difficile de déterminer le nombre exact d’actions détenues par les pays, qui ont parfois refusé de divulguer les chiffres, provoquant la colère de certaines organisations non gouvernementales et d’hommes politiques.
Bavarian Nordic, qui peut produire jusqu’à 30 millions de doses par an, a également hésité à révéler où il les expédie.
Mercredi, la société a annoncé qu’elle fournirait 350 000 doses à un pays “non divulgué” de la région Asie-Pacifique.
Deux autres vaccins antivarioliques, ACAM2000 et LC16, sont actuellement à l’étude pour leur efficacité contre le monkeypox.
Les États-Unis ont actuellement plus de 100 millions de doses d’ACAM2000 en stock, mais on pense qu’il provoque plus d’effets secondaires que les vaccins de nouvelle génération.
Emergent BioSolutions, qui fabrique ACAM2000, a déclaré à l’AFP qu’il peut actuellement produire plus de 18 millions de doses par an, et pourrait augmenter jusqu’à 40 millions par an si nécessaire.
– “Nous voulons l’équité” –
Bien qu’étant le continent qui lutte depuis longtemps contre la variole du singe, l’Afrique n’a encore reçu aucune dose de vaccin.
Il y a eu plus de 3 000 cas confirmés de monkeypox en Afrique cette année, tandis que les médecins disent qu’environ 70 décès ont été liés à la maladie.
L’OMS a demandé aux pays qui disposent de vaccins de les partager, exhortant le monde à ne pas répéter l’inégalité d’accès aux vaccins covid entre pays riches et pauvres.
Meg Doherty, directrice des programmes mondiaux de l’OMS sur le VIH, l’hépatite et les infections sexuellement transmissibles, a déclaré dimanche que 35 pays avaient demandé l’accès au vaccin contre la variole du singe.
Elle a déclaré lors d’une réunion à la Conférence internationale sur le sida à Montréal qu’il y avait un “grand risque possible” que les pays riches demandent les doses.
“Nous voulons l’équité”, a-t-il ajouté.
© 2022 AFP